En survolant les mots ou expressions en italique gras, vous ferez apparaitre leur définition!

 

Le yoga, c’est quoi?

 

Selon la pensée indienne, nous sommes nés pour participer à l’évolution terrestre. Le yoga intervient lorsque nous décidons de prendre notre vie en charge et d’aller dans la direction du positif, de la nature, et cherchons à trouver l’harmonie, l’équilibre et l’unité.

À l’origine, le mot « yoga » n’était même pas utilisé. Au cours de la période védique, les rishiSages ayant reçu la révélation transmirent la connaissance à leurs disciples par le bouche-à-oreille. Plusieurs siècles plus tard, ces savoirs furent retranscrits dans différents textes, à des moments divers, par différentes personnes. De plus, à l’époque, l’individu s’effaçait devant la quête spirituelle ; on ne gardait donc pas trace du nom du rishiSages ayant reçu la révélation qui a eu telle ou telle révélation, mais seulement de la révélation elle-même. À cause de tout cela, il est compliqué d’avoir des informations précises ; en ce qui concerne les dates, les auteurs, le flou prédomine !

Par exemple, en ce qui concerne les Yoga Sutra de PatanjaliUn des principaux textes fondateur du yoga : certains disent qu’elles datent de 2 siècles avant JC, d’autre disent 5 siècles après JC, et d’autres encore prétendent qu’elles ont influencé le bouddhisme (et donc précèdent l’avènement de Bouddha, environ 6 siècles avant JC). Patanjali aurait vécu avant Bouddha, c’est à dire plus de 1 000 ans dans l’hypothèse haute ! Évidemment, ces Sutras pourraient bien être le fruit du travail de plusieurs personnes différentes…

 

Le mot « yoga », en Sanskrit, signifie :

  • Joindre
  • Ajouter (se disait notamment pour l’ajout d’épices dans les légumes !)
  • Atteler
  • Relier

Il s’agit donc de chercher à réaliser, en premier lieu, l’unité avec nous-même : entre le corps, les sentiments, les émotions, les pensées, les idées, et la partie profonde de soi, le grand Soi, c’est à dire l’âme, le PurushaConscience pure, non-matérielle, non-manifestée, sans forme. Principe situé au-delà des attributs, au-delà des causes et des effets, immuable ; c’est le témoin, le connaisseur.. Il s’agit également de trouver l’unité avec son environnement, et avec le Cosmos.

 

Le mot « yoga » désigne normalement un état, et non une pratique : on atteint l’état de yoga, d’union, au moyen d’une discipline personnelle. Ce sens a glissé, et aujourd’hui on entend par « yoga » la pratique d’une discipline qui nous amène vers l’état d’union… ou simplement vers un mieux-être !

 

Mais au fond, que signifie « trouver l’Unité », et pourquoi la rechercher ?

Selon Sri Aurobindo (dans son interprétation de la théorie du Samkhya), tout découle de ce que PurushaConscience pure, non-matérielle, non-manifestée, sans forme. Principe situé au-delà des attributs, au-delà des causes et des effets, immuable ; c’est le témoin, le connaisseur. et PrakritiPrincipe matériel manifesté, force créatrice agissante. Source de la forme, des attributs de la nature. Elle est composée de trois entités (les trois Guna) et du prana., qui sont deux facettes du même principe primordial, se sont séparés et cherchent désormais à se rejoindre.

PurushaConscience pure, non-matérielle, non-manifestée, sans forme. Principe situé au-delà des attributs, au-delà des causes et des effets, immuable ; c’est le témoin, le connaisseur., aussi appelé BrahmanÂme Universelle et Cosmique : il est ce dans quoi l’Univers est né, ce dans quoi il retourne, et ce par quoi il est animé. C’est l’Absolu. On ne peut pas le définir totalement, puisqu’en le qualifiant on le limite., est le Principe Suprême, la Conscience Pure à l’origine de PrakritiPrincipe matériel manifesté, force créatrice agissante. Source de la forme, des attributs de la nature. Elle est composée de trois entités (les trois Guna) et du prana., le monde manifesté.

 

Nous reviendrons dans un autre article sur ces notions, trop complexes à développer ici ; retenez simplement que dans la philosophie du yoga, la matière contient la Conscience, puisque c’est la Conscience qui est devenue matière. Le mouvement naturel de la matière est donc de retourner vers la conscience Pure, et c’est pourquoi nous cherchons par le yoga à réaliser l’unité en nous – et, pour les plus avancés d’entre nous, à réaliser l’unité à l’extérieur de nous.

 

C’est le chemin sur lequel nous nous trouvons.

 

L’être humain, à la différence du monde animal (ou a fortiori, végétal), possède la faculté de discernement, la possibilité de choix. Il peut décider de mettre ses facultés en action pour poursuivre l’évolution, en y participant. S’il n’y participe pas, l’évolution se fera tout de même, car c’est l’orientation naturelle de la PrakritiPrincipe matériel manifesté, force créatrice agissante. Source de la forme, des attributs de la nature. Elle est composée de trois entités (les trois Guna) et du prana., qui cherche à rejoindre le PurushaConscience pure, non-matérielle, non-manifestée, sans forme. Principe situé au-delà des attributs, au-delà des causes et des effets, immuable ; c’est le témoin, le connaisseur.. On ne peut pas empêcher cela ; en revanche, en choisissant d’y participer, nous pouvons améliorer nos conditions d’existence, et trouver la joie, le bonheur, dans cette vie.

 

Pour ce faire, nous allons devoir nous engager avec abnégation sur un chemin qui, quoique positif, n’est pas linéaire ni facile.

 

Ce chemin est différent pour chacun, mais passe toujours par la recherche du bien, du respect du DharmaLoi Universelle de la vie harmonieuse, de l’unité, de l’équilibre, qui soutient le Monde. L’intelligence, la connaissance, l’amour et la prospérité peuvent être utilisés à des fins positives ou négatives ; le Dharma est l’ensemble de règles qui nous permettent de mettre en action ces différents domaines d’une manière positive, dans le respect de l’autre, du monde et de l’univers.. C’est pour cela que tous les anciens textes, toutes religions indiennes, reposent sur ces trois piliers :

  • La pensée juste
  • La parole juste
  • L’action juste

En sanskrit, ce chemin s’appelle le Sadhana, la discipline de vie. En pratiquant, on fait donc le SadhanaDiscipline de vie. Lorsque nous décidons de prendre notre vie en charge, et d’aller dans la direction de l’harmonie, de l’équilibre et de l’unité, nous pouvons dire que nous menons une vie spirituelle. Pour le moment, nous cherchons à arriver à l’état de Yoga. En Inde, ce chemin s’appelle le Sadhana. On fait donc le Sadhana, et non le Yoga !, et non le Yoga !

 

Toutes les disciplines enseignées aux temps védiques (et pas seulement ce que nous appelons yoga en occident), étaient considérées comme SadhanaDiscipline de vie. Lorsque nous décidons de prendre notre vie en charge, et d’aller dans la direction de l’harmonie, de l’équilibre et de l’unité, nous pouvons dire que nous menons une vie spirituelle. Pour le moment, nous cherchons à arriver à l’état de Yoga. En Inde, ce chemin s’appelle le Sadhana. On fait donc le Sadhana, et non le Yoga !, à partir du moment où elles étaient pratiquées chaque jour avec intérêt, amour, intelligence, concentration et discipline.

Tout ce que nous faisons dans la vie, quelle que soit l’activité pratiquée, nous devons le faire avec comme boussole cet état de félicité vers lequel tendre. C’est là le SadhanaDiscipline de vie. Lorsque nous décidons de prendre notre vie en charge, et d’aller dans la direction de l’harmonie, de l’équilibre et de l’unité, nous pouvons dire que nous menons une vie spirituelle. Pour le moment, nous cherchons à arriver à l’état de Yoga. En Inde, ce chemin s’appelle le Sadhana. On fait donc le Sadhana, et non le Yoga !, et c’est extrêmement difficile. Être conscient, ne serait-ce que quelques minutes par jour, est une gageure. Il nous faut travailler en permanence dans ce sens pour arriver à être conscient de plus en plus longtemps, tendre vers l’équilibre et l’harmonie, et peut-être arriver un jour à l’état de yoga. Comme nous sommes en permanence attirés vers le bas par notre passé, nos expériences, nos « démons », nous sommes enclins à perdre enthousiasme et courage lorsque survient une difficulté, et la remontée est d’autant plus difficile. La vie spirituelle est donc vallonnée, ça n’est pas une progression linéaire et droite !

Dans ce but, nous devons perfectionner chaque facette de notre être : le physique, le vital et le mental, par nos activités.

 

Progressivement, avec la décadence, de génération en génération, les connaissances des rishiSages ayant reçu la révélation se sont perdues et la situation s’est dégradée jusqu’à l’exploitation de l’homme par l’homme (au moyen des castes notamment), pour l’intérêt personnel de quelques-uns au détriment du bien-être commun. Or, les textes disent : « Le monde manifesté n’est pas permanent. C’est une illusion. Ce qui est réel, ce qui est vrai, c’est la Conscience Absolue. »

Cette société qui a perdu ses repères génère violence, pauvreté et malheur, et l’idée que le monde manifesté n’est qu’une illusion donne à certains le désir de quitter le cycle des réincarnations au plus vite. C’est à ce moment que de nombreuses personnes ont cherché des portes de sortie pour atteindre le plus rapidement possible l’état l’Union avec la Conscience Pure, l’état de Yoga ; ils ne se sont alors plus préoccupés d’améliorer le monde manifesté dans lequel nous vivons, d’atténuer la souffrance générale.

Ils ont pensé : « Si la réalité, c’est l’Esprit, alors quittons ce monde matériel pour arriver à l’état de béatitude hors de l’illusion de l’existence terrestre ! »

Chacun a alors cherché le meilleur moyen pour quitter le SamsaraCycle des karmas successifs, ou des réincarnations., en fonction de ses capacités personnelles. C’est ainsi que se sont développées les différentes techniques et méthodes de yoga, les cinq yogas traditionnels d’où découlent tous les yogas connus aujourd’hui.

D’abord transmis oralement, ils ont ensuite été codifiés dans différents ouvrages, à différentes périodes.

 

Les cinq formes traditionnelles de yoga :

 

Il existe deux sortes de yoga basées sur des techniques :

  • Raja : Les personnes au mental solide, avec une grande capacité de concentration ont choisi, elles, de passer par ce chemin pour arriver à l’Union, et ont inventé la pratique du Raja Yoga, le yoga « royal », celui de la concentration et de la méditation. Il est très ancien et a longtemps été transmis par la tradition orale ; Patanjali a ensuite décrit et codifié le cadre de cette « voie royale » dans ses Yoga Sutras.
  • Hatha : Les personnes qui étaient physiquement douées se sont dit « Puisque Tout est en Tout, comme je suis fort physiquement, à quoi bon m’occuper de mon mental, de mon vital… Je peux arriver à découvrir ce que je suis, à découvrir la Conscience, au travers de ma pratique corporelle ! » Et ainsi est apparu le Hatha Yoga, le yoga de l’effort. Apparu après le Raja Yoga, il s’est développé beaucoup plus tardivement – selon certaines sources environ 2 siècles avant J.C. – au sein de deux écoles où certains élèves, bouddhistes, refusaient de pratiquer les arts martiaux, à l’époque obligatoires dans le but de protéger le pays. Ces élèves ont commencé à pratiquer les postures pour entretenir leur corps, et le Hatha Yoga s’est répandu. Le Hatha Yoga PradipikaUn des principaux textes fondateur du yoga est arrivé beaucoup, beaucoup plus tard, au XVème siècle de notre ère.

Remarque : le hatha yoga est arrivé en Occident vers la fin du 18ème siècle et a connu un succès qui grandit jusqu’à aujourd’hui, alors qu’il était en grand déclin en Inde. La « mode » du yoga en occident a pour effet de relancer sa pratique en Inde ! C’est le yoga le plus connu et le plus pratiqué, parce que c’est le yoga le plus tangible, et gratifiant car le bien-être apporté est sensible.

 

Il y a souvent confusion entre Raja et Hatha : les postures de Raja ont pour but de préparer le corps pour qu’il ne gêne pas la méditation. Il s’agit donc de rendre aisée la posture de méditation, afin qu’elle soit stable, confortable, et puisse être tenue longtemps. Alors que dans le Hatha yoga, on cherche à s’absorber tout entier dans le corps : si les postures deviennent aisées et confortables, alors le mental peut revenir de plus belle et perturber la pratique ! En Hatha, pour progresser, il faut rendre les postures de plus en plus difficile à mesure que l’élève progresse.

 

Et il existe trois sortes de yoga basées sur la psychologie :

  • Bhakti : Les personnes qui avaient un vital très présent ont mis au point le Bhakti Yoga, le yoga de la dévotion, qui demande de passer par les émotions, les sentiments, l’affect, et amène à l’Union par l’engloutissement total de l’individu dans l’amour et la vénération de la divinité.
  • Jnana : Les personnes très intellectuelles ont mis au point le Jnana Yoga, le yoga de la connaissance, du raisonnement, qui ne se satisfait pas des premières impressions : en questionnant tous les aspects de la vie et de la spiritualité, il s’agit d’arriver à l’Union par la réflexion intellectuelle. Pour comprendre la démarche, on donne souvent l’exemple d’une forme longue, mince et ondoyante aperçue dans l’ombre, dans la forêt ; le premier réflexe est de penser qu’il s’agit d’un serpent. Alors que la plupart des gens va faire un détour, s’en éloigner, l’adepte du Jnana Yoga va vérifier si la forme réagit, en jetant une pierre ; puis s’en approcher, le tâter avec un bâton, puis se rapprocher encore, la toucher du bout du doigt, et finalement réaliser qu’il s’agit d’une corde !
  • Karma : Les personnes qui ont besoin d’action, de « faire » des choses pour être elles-mêmes, vont trouver le chemin du Karma Yoga, le yoga du service désintéressé. L’individu va agir pour la joie de l’action, se fondre dans le service à la communauté, à l’autre, devenir comme un « outil », une « main agissante » de la divinité.

 

Nous explorerons ces cinq techniques de yoga ensemble, dans de prochains articles.

Vous pouvez également écouter le chouette podcast La Voie d’un Yogi, de BenOmYoga!

Si vous avez envie de discuter philo, histoire du yoga, si vous avez des questions sur ce qui est – très succinctement ! – présenté ici, contactez-moi, et je ferai de mon mieux pour vous répondre. Merci !